[MUSIQUE] [MUSIQUE] Dans le module précédent, nous avons parlé d'eye-tracking et des nouvelles technologies, et de comment ces technologies peuvent nous amener à comprendre les mécanismes qui sont associés à l'émergence de l'autisme. Et dans ce module-là, nous allons vraiment nous intéresser plus concrètement aux altérations cérébrales qui sont associées à l'autisme. Pour ceci, on va vous emmener d'abord des modèles animaux jusque finalement vers l'humain. Pour la partie des modèles animaux, c'est la professeure Camilla Bellone, qui est professeure à la faculté de médecine de l'université de Genève et que vous avez déjà vue dans un module précédent, qui va vous introduire finalement quand on a un modèle animal, une souris qui a un modèle d'autisme, quels sont les comportements qui sont altérés, comment est-ce qu'on peut dire que cette souris a un comportement de type autistique. Elle va ensuite vous montrer comment est-ce que, à l'aide de ces modèles animaux, on peut mieux comprendre quels sont les mécanismes synaptiques et les mécanismes cérébraux qui sont associés à l'émergence de l'autisme. Et puis ensuite, nous irons plutôt vers les humains, cette fois avec des techniques de neuroimagerie, mais nous parlerons aussi d'examinations postmortem, donc histopathologiques, dans lesquelles on découpe le cerveau pour mieux comprendre les altérations neuronales. Et là, nous allons parler de quelles sont les altérations qui sont en lien avec l'autisme en général, comment est-ce que ces altérations changent avec l'âge, donc vraiment les trajectoires de développement. Nous parlerons aussi de comment est-ce qu'on peut intervenir sur ces trajectoires de développement avec un certain type d'interventions, que ce soit des interventions précoces ou des stratégies de remédiation cognitive chez la personne qui est un peu plus âgée, âge scolaire, adolescence ou même adulte. Et puis finalement, comme vous le savez, il y a une grande hétérogénéité sur le spectre de l'autisme, donc nous nous intéresserons aussi particulièrement aux facteurs qui sont associés à cette hétérogénéité, est-ce qu'il y a des différences dans la structure et la fonction du cerveau, qui sont en lien avec les différents profils de personnes qui sont sur le spectre de l'autisme, et en particulier aussi de profils féminins. >> Bien que l'autisme soit considéré une maladie de l'être humain, pour étudier les mécanismes neurobiologiques à la base des TSA, il est nécessaire d'utiliser des modèles cellulaires et des modèles animaux. C'est important que les chercheurs à la fois aient la possibilité d'étudier les comportements sociaux de manière physiologique, et de mettre en évidence les neurobiologies à la base de ces interactions sociales, et à la fois aient la possibilité d'étudier les mécanismes à la base des déficits sociaux d'un des modèles mourant de TSA. Les rongeurs sont des modèles très sociaux, et on a la possibilité de mettre en évidence différents types d'interactions. On a des interactions directes, on a des comportements sexuels, et des comportements, par exemple, aussi parentaux ou agressifs. Tous les différents comportements sont très importants pendant le développement. Exactement comme chez l'humain, dans les rongeurs, pendant la période néonatale, c'est très important l'interaction entre mère et enfant. Après le sevrage, dans l'adolescence par exemple, c'est très important le comportement de jeux entre [INCOMPRÉHENSIBLE]. Par contre, pendant l'âge adulte, on peut évidemment différencier des comportements chez les mâles et les femelles, avec des comportements antagonistes et territoriaux chez les mâles et des comportements plus affiliatifs chez les femelles. Pour étudier les comportements sociaux, les chercheurs ont développé différents paradigmes comportementaux qui nous permettent de mettre en évidence les différents types d'interactions. Par exemple, il est possible de quantifier les interactions entre deux souris qui sont placées dans une cage ouverte. Comme vous voyez ici dans cette vidéo, on peut observer différents types d'interactions non agressives entre deux souris, comme le contact facial, la toilette réciproque, [AUDIO_VIDE] le contact anogénital ou le contact avec la queue. Par exemple, on peut aussi mesurer la sociabilité, qui se définit comme la préférence d'une souris à passer du temps avec une autre souris ou du temps passé toute seule. Dans cette vidéo, on a une cage contenant trois différents compartiments : un couloir, un compartiment contenant une cage vide, et un compartiment contenant une cage avec une autre souris. Le chercheur peut mesurer le temps passé par la souris expérimentale en contact avec l'autre souris ou en contact avec le compartiment où il y a la cage vide. En faisant comme ça, en mesurant ce temps passé, on a la possibilité de mesurer la sociabilité pour chacune des souris. Avec un apparatus contenant deux chambres d'apparences différentes, il est possible de mesurer la propriété gratifiante et motivationnelle des interactions sociales. Cette tâche en anglais s'appelle Social Reward Learning Task, et ça sert vraiment pour mesurer cette propriété gratifiante de l'interaction. Le chercheur met des souris dans les deux compartiments, et il conditionne la souris à être ou toute seule dans un compartiment, ou avec des autres conspécifiques du même sexe ou du même âge dans l'autre compartiment. En faisant comme ça, après différents conditionnements, on a la possibilité, dans la cage vide, de mesurer la préférence de la souris expérimentale de passer du temps dans le compartiment où elle était toute seule ou dans le compartiment où elle était avec le conspecifique. On peut vraiment mesurer les propriétés gratifiantes et motivationnelles des interactions sociales. Enfin, on peut aussi observer et mesurer la communication sociale entre les souris. Les souris émettent des ultrasons pendant des contextes sociaux, par exemple pour communiquer la détresse déterminée dans la séparation mère/enfant, ou d'une agression d'un prédateur, ou pour communiquer le plaisir associé à l'interaction sociale ou à un accouplement sexuel. Avec les tests qu'on a présentés aujourd'hui, maintenant vous savez comment il est possible d'utiliser différents tests pour mesurer l'interaction sociale entre les rongeurs et comment on peut, par exemple, mesurer l'interaction directe entre deux souris, leur préférence à interagir avec un autre congénère par rapport à leur préférence à rester toute seule, ou comment c'est possible aussi de mesurer la capacité d'une souris à apprendre à associer un compartiment avec une interaction sociale par rapport à un compartiment où elle était toute seule. [MUSIQUE] [MUSIQUE] [MUSIQUE]