[MUSIQUE] [MUSIQUE] [MUSIQUE] Je vous présente une équipe d'étudiants de deuxième année en master en science forensique qui ont la gentillesse durant l'été de nous aider à constituer une base de données de cas de source connue. Que ce soit des empreintes ou des traces, celles-ci sont systématiquement comparées par eux pour décider si oui ou non elles proviennent de la même source, et nous sommes intéressés de récupérer l'ensemble des annotations qui sont les mêmes que celles qu'ils feront dans la pratique pour pouvoir les utiliser à des fins de recherches. Je vous présente Cédric. Cédric va prendre le rôle du vérificateur. Une fois que la première identification a été déclarée, il est nécessaire qu'un deuxième expert regarde cette empreinte de manière complètement indépendante et fasse son propre jugement, et c'est seulement s'il y a congruence des opinions que le cas ira plus loin. La première chose qui est faite dans l'analyse, c'est un examen minutieux de la trace seule, sans que Cédric ait à disposition l'empreinte de référence, et c'est sur la base des informations qu'il est capable de voir uniquement sur cette trace que la suite de la comparaison sera effectuée. Cette séparation entre la phase dite d'analyse, ce que nous faisons là, et la phase dite de comparaison lorsqu'on a côte à côte la trace et l'empreinte de référence, c'est un des mécanismes importants pour pouvoir assurer que l'expert n'est pas influencé par la présence de l'empreinte de référence pour faire ses observations. Ce que Cédric est en train de faire ici c'est de délimiter des zones de qualité. Ici, il indique que la trace est de qualité moyenne en deux sections parce qu'il n'y a pas de crête papillaire claire qui permette de lier cette partie supérieure avec cette partie plutôt centrale. Donc il envisage la possibilité, d'ailleurs comme ça a été fait par le FBI, d'avoir deux appositions séparées. Ça permet de délimiter la zone d'intérêt, ça permet aussi de qualifier la clarté et la lisibilité de l'empreinte. Ensuite, après l'établissement de ces premières informations et aussi l'établissement d'un certain nombre de notes sur les observations faites, la distorsion, si la trace est glissée, si la trace a plusieurs appositions multiples, est superposée. Cédric va relever un certain nombre de caractéristiques. Et la première choses que nous faisons généralement, c'est de suivre les crêtes, crête après crête, sur cette trace. C'est un petit outil qui permet de guider la main pour suivre chacune des crêtes pour se rendre compte où est-ce qu'elles sont continues, où est-ce qu'elles s'arrêtent, où est-ce qu'elles bifurquent. C'est cette combinaison d'arrêts de lignes, de bifurcations, d'interruptions qui amène la sélectivité à la trace. Donc Cédric va passer chacune des crêtes. Il y a une affaire d'appréciation parce qu'ici, la trace est compliquée, et faire un jugement sur qu'est-ce que j'y vois, quelle est la continuité, quelle est la qualité. Ensuite vient l'apposition d'un certain nombre de points caractéristiques, les fameuses minuties, qui sont des arrêts de lignes ou des bifurcations qui sont directement indiqués sur la trace. Ça découle évidemment du suivi des crêtes et des vallées. L'indication ici avec un petit carré indique l'appréciation que c'est une bifurcation et que la bifurcation, elle s'ouvre, elle va créer des minuties dans cette direction. La deuxième minutie que Cédric indique maintenant, il va l'indiquer comme un arrêt de ligne, qui est un autre type de minutie. Il va venir sur l'arrêt de ligne, et ce point-là a donc une typologie différente. Certaines fois, la visibilité sur la trace est tellement difficile qu'on a de la peine à décider s'il s'agit d'un arrêt de ligne ou d'une bifurcation, et dans un tel cas, il peut choisir que le type n'est pas connu, ou voire, dans le pire des cas, que même la position de la minutie est relativement incertaine. Et c'est effectivement ce qui fait la complexité d'une trace comme celle-ci c'est qu'il est difficile d'avoir une clarté suffisante, en raison de la problématique de la trace, pour positionner les minuties de manière précise. Il y a d'autres caractéristiques qui peuvent être utilisées, comme des cicatrices ou des lignes blanches, mais qui dans le cas présent ne sont pas critiques. À la fin de cette analyse, et ici on n'a fait qu'un travail extrêmement partiel, celle-ci sera stockée de manière indépendante, elle sera documentée, et à disposition s'il est nécessaire de revenir sur les premières observations qui ont été faites de manière indépendante de la phase de comparaison. Ensuite, lorsque nous sommes satisfaits de la phase d'analyse, nous allons passer en phase de comparaison, et c'est ce que fait Cédric en ce moment. Il passe en phase de comparaison, et c'est seulement à ce moment-là que l'expert reçoit comme candidat potentiel l'empreinte de référence, et c'est là que le travail de comparaison va commencer. Nous passons maintenant dans la phase de comparaison. La phase de comparaison consiste à vérifier si les éléments qui ont été indiqués en phase d'analyse sur la trace se retrouvent ou pas sur l'empreinte de référence qui est proposée ici en comparaison. Cédric va donc aller identifier quelques caractéristiques sur la trace qu'il va utiliser comme point de départ pour aller les chercher et potentiellement les associer sur l'empreinte de référence. Nous allons commencer dans cette zone supérieure ici où les deux points, ces deux arrêts de lignes, se font face et constituent un bon point de départ pour envisager la comparaison. Effectivement, si je bouge sur l'empreinte de référence, dans cette zone, on a deux arrêts de lignes qui se font face, et donc on va en tentative essayer d'associer la trace et l'empreinte de référence en partant de ce point-là. C'est ce que va faire Cédric en indiquant les deux caractéristiques disponibles sur l'empreinte plus la troisième un peu sur sa gauche. La voici. Et le processus est toujours trouver un couple de minuties, puis ensuite revenir sur la trace et tester si une minutie supplémentaire comme cette minutie-ci, se retrouve effectivement sur l'empreinte de référence, ce que nous allons faire en revenant sur notre empreinte. Et ici effectivement, on retrouve un arrêt de ligne. Ce travail de comparaison va donc être mené sur toutes les caractéristiques à disposition sur la trace en suivant potentiellement l'ensemble des crêtes pour vérifier que l'ensemble des caractéristiques de la succession des crêtes du positionnement relatif des minuties se retrouvent parfaitement représentées sur l'empreinte de référence. C'est seulement si l'ensemble des éléments sont en concordance et en l'absence de différences significatives que Cédric peut potentiellement aboutir à une conclusion d'identification. Si une différence significative est observée, il va exclure. Il peut documenter les minuties en association en les numérotant et en les pairant l'une avec l'autre. Ici la numéro 2, il va faire la numéro 3 et la mettre en association avec cette minutie numéro 3 et ainsi de suite, ce qui permet d'avoir une documentation de la comparaison effectuée. Il a également la possibilité d'avoir un certain nombre de notes personnelles, et ces notes personnelles vont constituer le cahier des opérations qui vont suivre l'ensemble de la trace jusqu'au tribunal. À ce moment-là, Cédric va prendre une décision sur la conclusion qu'il est adéquat de proposer dans ce cas. Cette conclusion, elle est prise sans aucune connaissance de la conclusion qui a été prise par le premier expert, Marco, et c'est par l'accumulation de conclusions concordantes que le cas va finalement être fourni à la magistrature. [MUSIQUE] [MUSIQUE] [MUSIQUE] [MUSIQUE] [AUDIO_VIDE] [AUDIO_VIDE] [AUDIO_VIDE] [AUDIO_VIDE] [AUDIO_VIDE]