[MUSIQUE] Bonjour à tous. Dans cette vidéo, je vais vous présenter un certain nombre de sources de données qui peuvent être utiles pour décrire les mobilités, les caractériser, voire même apporter des éléments permettant de les comprendre. Je présenterai des sources de données quantitatives et qualitatives, avant de rendre compte des avantages qu'il peut y avoir à articuler ces deux types d'informations pour mieux informer un problème ou une question que le planificateur se pose. Je vais d'abord vous présenter des sources de données dont l'objectif est de quantifier des flux de personnes. Ce sont des techniques qui se rapportent toutes plus ou moins directement à du comptage, dans une tradition relative à l'ingénierie et l'économie des transports. Le but est in fine de discuter de la pertinence d'une offre de transport en volume par rapport à une demande en volume également. La route est-elle assez large? Les fréquences de transport public sont-elles suffisantes? Y a-t-il saturation des réseaux? Etc. En premier lieu, les enquêtes de personnes aux générateurs. Ce sont des enquêtes tout mode à partir ou à destination d'un point précis ou d'un établissement précis considéré comme générateur de mobilité. Il peut s'agir par exemple d'un hôpital, d'un pôle d'emplois, de centres d'enseignement, etc. À noter que ce sont des données souvent recueillies à l'occasion de la mise en place d'un plan de déplacement entreprise ou d'un plan de déplacement établissement. Les enquêtes de mobilité des personnes dans l'espace de voirie sont quant à elles réalisées sur une section de voirie et elle concernent l'ensemble des personnes mobiles, quel que soit le mode de transport qu'elles utilisent. Elles peuvent permettre de discuter de l'aménagement fin de la voirie et du partage de l'espace viaire entre les différents modes de transport. Les comptages routiers maintenant sont des méthodes limitées aux véhicules motorisés passant sur une route, et ont pour objectif de les quantifier. Ils peuvent être automatiques, ce sont alors des petits tuyaux qui traversent la route, ou manuels, des personnes sont alors postées à proximité de la route et comptent les véhicules. Ces derniers peuvent alors, selon les besoins de l'étude associée, compter le nombre de personnes par véhicule, ou bien décrire les voies d'entrée et de sortie au niveau d'un carrefour. Ce type de comptages permet de donner ce que l'on appelle les trafics journaliers moyens qui sont souvent utiles pour discuter de la nécessité et de la pertinence d'un aménagement de la voirie. Par exemple, au-delà de 10 000 véhicules jour sur un axe traversant un centre bourg, une déviation sera généralement conseillée. À noter que des techniques de comptage par vidéo existent également. Enfin, les enquêtes cordons permettent de compter et caractériser les véhicules entrant et sortant d'un périmètre défini par le cordon. Les enquêteurs arrêtent alors les véhicules avec un accompagnement policier pour demander au conducteur son origine, sa destination, le motif du déplacement ou parfois même la nature de la marchandise pour les camions. Vous aurez remarqué que, dans l'ensemble de ces sources de données, on ne cherche pas particulièrement à caractériser le voyageur. On cherche à donner un ordre de grandeur du flux de passagers sans vraiment s'intéresser aux particules qui composent ce flux. Les enquêtes mobilité et transport permettent d'aller plus loin parce qu'elles allient à l'objectif de quantification des flux de déplacement un objectif de qualification de ces flux. Il s'agit du micro-recensement mobilité et transports en Suisse, de l'enquête nationale transports et mobilité en France, ou encore des enquêtes ménages ou enquêtes OD dans beaucoup de villes du monde. Précisons en premier lieu ce qu'est le micro-recensement mobilité et transports, MRMT. Il s'agit d'une enquête réalisée à l'échelle de la Suisse entière tous les cinq ans. Le recueil de l'information s'étale sur l'année complète, ce qui permet d'éviter les variations saisonnières dans la caractérisation de la mobilité des Suisses. Faire l'enquête l'hiver uniquement sous-estimerait par exemple la marche et le vélo. La population cible concerne tous les résidents âgés de six ans et plus. L'échantillon constitué est donc représentatif de cette population cible. L'interview se fait par téléphone, et l'on demande aux enquêtés de décrire l'ensemble des déplacements réalisés un jour de référence qui est souvent la veille du jour d'enquête. L'enquête nationale transports et déplacements est un équivalent du micro-recensement suisse. C'est une enquête réalisée auprès d'un échantillon représentatif de l'ensemble de la population française, mais le recueil de données se fait cette fois en face-à-face plutôt que par téléphone. Cela permet d'avoir une plus grande précision dans les réponses données par les enquêtés, mais les coûts sont beaucoup plus élevés que pour une enquête téléphonique. Les enquêtes ménages déplacements, ce sont des enquêtes que l'on retrouve dans le monde entier, et elles sont organisées généralement à l'échelle des agglomérations. En France, une méthodologie standard a été construite par le CERTU qui s'appelle maintenant le CEREMA, ce qui permet d'assurer une comparabilité entre les agglomérations à partir d'enquêtes différentes certes, mais réalisées toutes de la même manière. La vidéo de Vincent Kaufmann, cette semaine également, sur le choix modal, s'appuie sur des enquêtes de ce type. Nous avons évoqué dans la slide précédente le fait qu'une enquête en face-à-face était plus précise, mais plus coûteuse qu'une enquête téléphonique. Vous avez ici résumées quatre modalités de passation des enquêtes avec leurs avantages et leurs inconvénients. Ce sont des recueils en face-à-face comme les enquêtes ménages déplacements, des enquêtes téléphoniques comme le micro-recensement suisse, des enquêtes épistolaires, c'est-à-dire par voie postale, et enfin des enquêtes web. Pour ces dernières qui se développent beaucoup ces dernières années, il y a un enjeu fort au niveau de la représentativité de l'échantillon. Pour le moment, et même si cela ne durera peut-être pas très longtemps, on a du mal avec ce type de recueils de données à toucher les personnes âgées par exemple, et on touche beaucoup moins bien les populations rurales reculées. Après ce rapide panorama des sources de données quantitatives, nous souhaitons également vous faire part de quelques méthodes de recueil d'informations d'ordre qualitatif. Leur spécificité vis-à-vis des enquêtes quantitatives est que l'on ne cherche pas dans ce cas à avoir un échantillon représentatif de la population. On cherche une diversité de profils dans la population étudiée, et l'on s'arrête d'enquêter lorsque l'on atteint la saturation, c'est-à-dire qu'on a fait le tour en quelque sorte du sujet, et que les entretiens supplémentaires ne font que confirmer des tendances déjà observées chez d'autres enquêtés. Les objectifs qui peuvent être associés à ce type de recueils d'informations sont variés, et relèvent de la nécessité de rendre compte des usages à un niveau très fin, ou encore de phénomènes émergents. Les modalités de la prise de décision en politique publique peuvent également être étudiées à partir de méthodes qualitatives. Les représentations, discours, valeurs, identités sont généralement traités avec ces méthodes. Même s'il est possible de questionner les gens sur les images des modes de transport, comme c'est le cas par exemple dans les enquêtes ménages déplacements en France, l'approche des imaginaires et représentations sociales rendue possible par les entretiens approfondis est plus riche. Rendre compte de la diversité de points de vue, ou encore atteindre des populations particulières sont également des objectifs fréquents des travaux construits sur une base qualitative. Les entretiens sont les outils les plus fréquents parmi les méthodes de recueil d'informations qualitatives. Ils peuvent être plus ou moins directifs, c'est-à-dire accompagnés d'un guide d'entretien plus ou moins serré, selon que l'on souhaite laisser libre court à l'interviewé dans ses réponses. Plusieurs types d'entretiens existent. La photo-élicitation par exemple est une technique qui permet de libérer la parole de l'enquêté à partir de photos prises par l'enquêté lui-même ou sélectionnées par l'enquêteur. Les récits de vie, quant à eux, visent un récit de l'ensemble du parcours de vie de l'enquêté, depuis son enfance pour mettre en évidence les conditions par lesquelles les imaginaires, les pratiques, les habitudes se sont construits au fil du temps. Enfin, le tracking GPS, rendu de plus en plus facile aujourd'hui grâce au téléphone portable, est généralement discuté ensuite avec les enquêtés pour qu'ils précisent les difficultés rencontrées, les raisons de leurs choix, etc. Mais les méthodes qualitatives ne se limitent pas aux entretiens individuels. Des focus-groupes sont parfois organisés de manière à discuter collectivement d'une question. L'observation participante et non participante sont deux autres manières de rendre compte de pratiques, de choix, de discours auxquels on peut prendre part, il s'agit dans ce cas d'une observation participante, ou non, ce sera alors une observation non participante. Nous avons présenté de manière un peu abrupte les méthodes quantitatives et qualitatives en les séparant. Je souhaite insister ici sur le fait que ce sont des méthodes qui se complètent très bien. Lorsqu'elles sont articulées dans un cheminement méthodologique commun, il s'agit de méthodes dites mixtes. On peut alors faire des entretiens qualitatifs exploratoires pour aider par exemple à l'écriture d'un questionnaire quantitatif. On peut approfondir les résultats d'une analyse statistique basée sur des données quantitatives en organisant une série d'entretiens ou des focus-groupes. Les statistiques permettent de mettre en évidence des corrélations tandis que les entretiens peuvent permettre de discuter ces corrélations pour mettre en évidence alors des liens de cause à effet. Le quantitatif est descriptif, le qualitatif est compréhensif. Pour conclure, je souhaite insister sur l'idée que nous ne souhaitons pas vous orienter a priori vers une méthode de recueil d'informations plutôt qu'une autre. Vous aurez compris à travers mon discours que chaque méthode a des avantages et des inconvénients. Le choix de la donnée à récolter est donc totalement dépendant de la question que l'on se pose. Nous n'avons pu que traverser rapidement ce large champ méthodologique pour vous présenter toutes sortes de méthodes. Vous trouverez en complément à cette vidéo des documents qui vous permettront d'approfondir votre connaissance et votre compréhension des outils qualitatifs et quantitatifs. Merci beaucoup pour votre attention et au revoir.