[MUSIQUE] [MUSIQUE] La France est un pays qui est très, très avancé dans le domaine du financement des entreprises sociales. D'une part, parce que depuis une bonne dizaine d'années on a développé les fonds solidaires pour les entreprises sociales par l'épargne salariale, accélérés par la loi de 2008 qui rend obligatoire la proposition par l'entreprise d'avoir au moins un fonds solidaire. On a aussi la chance en France d'avoir un écosystème où les acteurs se connaissent. Je prendrais un exemple qui est Finansol. Je suis au conseil d'administration de Finansol depuis plusieurs années. Finansol a été créée il y a maintenant une vingtaine d'années, à l'origine plutôt par des acteurs militants, pour qui l'entrepreneuriat social était leur but dans la vie et c'est par la suite, que les acteurs plus financiers, les sociétés de gestion et les banques, ont rejoint Finansol pour lui permettre d'avoir un plus grand impact en terme d'échelle. On voit autour de la table, chez Finansol, toutes ces catégories d'acteurs. À la fois les plus militants et puis, les acteurs qui vont apporter les capitaux. Donc on a aussi la chance, en France, d'avoir l'État qui a joué un rôle d'accélérateur. À partir de 2011, il y a eu dans le cadre de l'Europe une réflexion très aboutie, qui a été menée par le commissaire Michel Barnier et le gouvernement Français, à la différence d'autres gouvernements en Europe, là je pense en particulier au gouvernement allemand qui n'a pas été très, très réactif sur le sujet, mais la France a été très, très impliquée avec la mise en place du gouvernement Hollande, pour développer un cadre règlementaire favorable à l'économie sociale et solidaire, avec en particulier la loi de juillet 2014 sur l'ESS. Donc on est, en France, dans un écosystème qui est plutôt porteur, avec une tradition historique qui est ancienne, qui remonte au XIXe siècle, mais avec, en même temps, une sensibilité du public. À la fois des particuliers, des particuliers fortunés, des grandes banques qui se sont impliquées dans le sujet, et des sociétés de gestion. Et de plus en plus, on voit l'intérêt, également, des investisseurs institutionnels sur ces sujets. Dans cet écosystème, on se rend compte que chacun joue son rôle et chacun est complémentaire. Par exemple, la philanthropie joue un rôle extrêmement important, parce que la philanthropie peut permettre de faire des choses que l'investissement ne permettra pas de faire. Quand il s'agit de démarrer sur des projets qui n'ont pas encore prouvé leur modèle de business, la philanthropie va permettre de démarrer, va permettre de donner des garanties. On voit, par exemple, les grandes fondations internationales de plus en plus impliquées pour des fonds de premières pertes, qui vont permettre de faire démarrer des sujets d'impact investing, comme les social impact bonds par exemple, qui sont encore des sujets relativement nouveaux. Ce que l'on peut améliorer, en fait, cela relève plus du changement des mentalités. C'est-à-dire que, on l'a vu depuis maintenant une dizaine d'années, la professionnalisation de l'économie sociale et solidaire et des gens qui sortent d'écoles de commerce comme l'ESSEC, vont rejoindre l'économie sociale et solidaire. En revanche, il y a encore dans les entreprises classiques, dans les banques, des gens pour qui il y a d'un côté le social, qui relève de la philanthropie et de l'autre, le domaine du business classique. Alors heureusement, les choses ont pas mal évolué, grâce en particulier aux impulsions qui ont été données par Danone, depuis maintenant cinq ou six ans. Le fait de voir un grand patron d'entreprise qui s'engage sur ces sujets, ou bien chez nous, François Villeroy de Galhau a été assez exemplaire également sur ce sujet, mais il y a encore un travail à faire en profondeur, pour démontrer que l'économique et le social sont compatibles, chacun étant dans sa spécialité. Le cadre règlementaire, il est posé maintenant, donc sur ce sujet je ne pense pas que l'on puisse faire grand chose. Il y a du côté des investisseurs institutionnels, et cela rejoint ce que je disais au départ, c'est que les investisseurs institutionnels s'intéressent plus à ces sujets, ce qui suppose la mise en place, comme nous l'avons fait chez BNP Paribas, d'équipes spécialisées qui comprennent de quoi il s'agit. Un exemple positif, c'est ce qu'a fait AXA il y a maintenant deux ans, en décidant de créer en interne un fonds dédié à l'impact investing, qui est aujourd'hui à hauteur de 200 millions d'investissements, mais c'est parce que une personne, chez AXA, a poussé le sujet et a intégré cela dans le cadre de leurs investissements socialement responsables et qu'ils ont développé des compétences, que cela a été possible. [AUDIO_VIDE]