Bonjour, bienvenue à tous. Je suis Isagha Diagana, professeur à l'Université de Nouakchott, au département de géographie et d'environnement. Je suis heureux de vous retrouver aujourd'hui pour démarrer ce cours intitulé la restructuration des quartiers précaires des villes africaines. Le terme est important au regard de l'urbanisation dans le monde, et de ses conséquences sur l'évolution, l'organisation et la structuration des grandes villes du monde, et particulièrement de celles d'Afrique. La croissance rapide des villes s'est en effet accompagnée, sur l'ensemble des continents, de mécanismes parfois déroutants de productions urbaines qui ont mis à mal les équilibres territoriaux et sociaux des agglomérations. Depuis 2007 en effet, la moitié des habitants de la Terre vit dans des villes, souvent mal préparées à les accueillir. À l'heure actuelle, près d'un milliard de personnes dans le monde vivent dans des quartiers précaires, dans des conditions misérables et de total dénuement. Les populations qui résident dans ces quartiers supportent les fortes densités des habitations dans des cadres urbains non assainis, dépourvus des indispensables équipements et infrastructures de base, et parfois même dans une totale insécurité. En 2008 déjà, l'ONU estimait qu'il faudrait construire dans le monde près de 4 000 logements par heure pour satisfaire les besoins de la population mondiale en logements à l'horizon 2025. C'est vous dire combien la situation de nombre de citoyens vivant en ville était préoccupante. Pour les villes africaines, la croissance s'est accompagnée de l'extension de la pauvreté, qui se concentre désormais dans ce type de quartiers. Le phénomène est aujourd'hui si répandu qu'on s'interroge sur leurs capacités d'intégration, et leur rôle dans le processus de développement. Le manque de maîtrise de leur croissance, et la faiblesse de la planification de leur développement, ont abouti à des difficultés. les quartiers précaires des villes africaines sont aujourd'hui la manifestation la plus flagrante du manque de planification et de contrôle du développement urbain. Les difficultés d'accès au foncier, l'incapacité pour les états de produire des logements en quantité suffisante, l'inexistence de dispositifs adaptés de financement du logement, poussent de nombreuses populations à s'installer sur des terrains périphériques, à la marge des villes. Elles y créent de nouvelles zones d'habitation dépourvues de toutes commodités. Les espaces urbains produits se révèlent ainsi fragmentés, et ultra compartimentés, pour créer des villes ségrégées, qui distinguent les quartiers ethniques des quartiers riches, des quartiers pauvres, des quartiers légaux, des quartiers illégaux, en somme des villes légales et des villes illégales. Toutes les grandes villes d'Afrique ont fait, font ou feront l'objet de tentatives de rattrapage pour corriger les dysfonctionnements nés de leur mal développement. Celles-ci prennent alors la forme d'opérations de réhabilitation qui visent la revalorisation de portions importantes de leur territoire, qui concernent parfois plus de la moitié de leur population. Des opérations d'éradication de quartiers précaires ont eu lieu par le passé, dans de nombreuses villes. Et il semble aujourd'hui que le consensus de leur restructuration soit partagé. Cela devra permettre de mieux intégrer, et les quartiers, et les populations, dans les structures formelles des villes. Mais de quoi parle-t-on lorsqu'on aborde cette problématique des quartiers précaires des villes africaines? Quel état des lieux peut-on établir à l'heure actuelle? Quelles approches et quelles solutions ont été imaginées pour leur traitement, aussi bien du point de vue des pouvoirs publics que de celui des bailleurs de fonds? Quelles méthodologies, quels modes, et quels outils ont été utilisés dans le cadre des opérations déjà mises en œuvre? C'est à cet ensemble des questionnements que tentera de répondre ce cours qui est organisé en quatre semaines. Au cours de la première semaine, nous nous intéresserons à la genèse ainsi qu'à l'ampleur du phénomène, aujourd'hui, dans les villes africaines. Nous examinerons la crise urbaine qui affecte les questions du logement, mais qui est aussi une des conséquences de la question foncière qui se pose avec acuité dans ces villes. La deuxième semaine sera consacrée à l'état des lieux et à l'examen de la diversité des situations. Nous nous attacherons à faire ressortir les caractéristiques de ces quartiers et tenterons une définition, si tant est qu'une définition est possible. C'est au cours de cette semaine également que nous examinerons les différentes formes d'irrégularités qu'on rencontre, la typologie qu'on peut établir, ainsi que les ressemblances et dissemblances qui existent entre les différents types de quartier. La troisième semaine sera consacrée aux approches, et réponses, jusque là apportées à cette problématique. D'abord l'approche des pouvoirs publics en termes de déguerpissement dans un premier temps ; ensuite, les solutions préconisées sous l'orientation des bailleurs de fonds, et particulièrement la Banque mondiale ; puis enfin, nous nous intéresserons à des cas précis d'opérations d'amélioration de ces quartiers dans deux pays, le Maroc et le Sénégal. Enfin, dans la quatrième semaine, nous verrons les objectifs et les moyens de restructurer ces quartiers précaires à travers l'analyse de deux types d'opérations qu'on rencontre à l'heure actuelle, la résorption intégrale et la restructuration in situ. Nous nous appuierons au cours de cette semaine sur l'exemple de la restructuration du quartier précaire d'El Emilia à Nouakchott, et nous tenterons une synthèse des leçons et des expériences pouvant être tirées des opérations conduites ces dernières années dans les villes africaines. Chaque semaine, cinq vidéos d'une durée de dix à quinze minutes chacune vous seront présentées. Chaque leçon comportera un ou plusieurs quizz, test de connaissances, et chaque semaine un quizz de suivi et des exercices en relation avec les leçons de la semaine. Enfin, un quizz final de test des connaissances sera prévu à la fin du cours. Voilà succinctement présenté le contenu et le déroulement de ce cours. Il me reste juste à vous préciser qu'il n'y a pas d'aptitudes spécifiques à avoir pour suivre ce cours, si ce n'est celui d'un intérêt particulier pour les questions d'aménagement de développement urbain et de planification urbaine en Afrique. Mais il demande des dispositions en temps, pour suivre les leçons, faire les quizz et les exercices et, pour ceux qui le souhaitent, pour passer, à la fin, un examen final qui entrera dans l'évaluation susceptible de procurer un certificat de l'École Polytechnique Fédérale de Lausanne. [AUDIO_VIDE]